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ASHLEY LAVOYNNE

Artiste touche-à-tout, Ashley Lavoynne, originaire de Sydney, étudie à Melbourne où elle est toujours plus inspirée par les choses qui l’entourent. Elle nous parle d’art, de créativité et d’inspiration dans cette interview.


Je ne me considère pas comme ‘un seul type’ d’artiste. Tout ce que je fais est intimement lié. Mon style visuel se connecte avec la mode, la musique je fais et que j’aime, et l’art que je fais. J’ai le sentiment que 2020 a été le declic pour moi et cela a beaucoup impacté la personne que je suis devenue. J’étais toute seule, j’étais capable d’apprécier ma propre compagnie, et d’être juste avec moi, ce qui est dur. Mais c’est une bonne chose, j’ai pu comprendre ce que je voulais réellement et qui j’étais réellement. Ça m’a donné beaucoup de temps pour expérimenter et c’est là que j’ai trouvé mon style visuel, comment je dessine, comment je crée. Cela vient du fait d’avoir du temps au final. De jour en jour, maintenant que tout a repris, je suis moins ‘multitâche.’ Avant, mes travaux étaient très lumineux et colorés.


J’essayais plein de choses. Je recopiais l’art que je voyais. Maintenant je vois les choses comme des références et je retranscris à ma manière. Quand j’étais jeune, on me disait que ça viendrait avec le temps. Et en 2020, j’ai tellement dessiné que je suis devenue à l’aise et confiante avec l’art que je faisais. Je me disais, si je suis à l’aise avec ce style et cette manière de faire, alors ça doit être mon style à moi. Je pense que c’est important d’être entourée de personnes qui ont la même sensibilité à l’art pour te supporter dans ton travail. À la fin de la journée, même si je n’aime pas ce que j’ai fait, c’est de l’expérience. C’est une manière de voir les choses et c’est la même chose pour les carrières professionnelles.


Si les gens changent de cursus, se trompent dans leur études, ce n’est pas une perte de temps ! C’est de l’expérience et il y a toujours du bon à tirer la dedans. En école d’art, les élèves ont tendances à se dire ‘j’espère que le professeur sera satisfait de mon travail, j’ai besoin d’avoir une bonne note’. Mais à la fin de l’année, ils se retrouvent avec du travail qu’ils n’ont pas apprécié faire et dans lequel ils n’ont pas mis de passion. Même si le feedback est très important, en tant qu’artiste, il faut avoir une part de soi- même qui passe au dessus de ça et qui se dit ‘tant pis, je m’en fiche’.


J’adore les langues aussi. La sémantique des mots c’est super important, rien que pour donner un titre à mes travaux! Le titre apporte la touche finale à mon travail. Parfois j’ai le titre dès le début et mon travail dépend de ce mot. Parfois c’est l’inverse. Par exemple, j’ai fait une exposition et j’ai appelé une de mes oeuvres Répertoire. À ce moment là, je pensais au mot ‘répétition’ et à mes routines, les mouvements que je fais tous les jours, les choses que je fais tout le temps. J’ai pensé au mot en français, qui est le même. Je voyais ça comme une danse, des mouvements que l’on répète. C’est comme une valse quotidienne finalement! Si je connaissais pas le français, je n’aurai pas pensé à ce mot. On peut trouver de l’inspiration partout. J’ai commencé à dessiner depuis que je peux porter un crayon mais c’était terrible ! J’ai découvert l’art digital quand j’avais 14 ans et j’ai acheté ma tablette graphique un an plus tard. J’ai toujours adoré les arts plastiques, les belles choses, les visuels attrayants que ce soit dans le dessin, la mode ou l’architecture. Quand j’étais jeune, ma première approche de l’art s’est faite avec le cinema, les musées et bien sûr Internet. Je pense que mon inspiration pour le mouvement et l’animation vient de là. Je regardais beaucoup de films lorsque j’étais enfant.


La vie, les choses qui m’occupent, mes pensées et mes émotions m’inspirent très particulièrement. Notamment si je traverse des changements dans ma vie, comme la pandémie. En ce moment, ma motivation vient des missions que j’ai à faire à l’université. Mon diplôme est un peu spécial : c’est de l’art plastique et de l’informatique. L’avantage c’es que nous sommes très libres des choix que nous voulons aborder dans nos travaux. Parfois, c’est peu profond et c’est un lieu d’expérimentation. Je suis aussi très inspirée par les médias et les livres. La photographie m’inspire aussi. Tout ce qui est visuel au final ! J’aime capturer les petites choses.»


Comme je l’ai dis, j’aime tout ce qui est visuel, même ce qui peut être dérangeant ! L’esthétisme qui met mal à l’aise quoi !


J’ai l’impression que le style d’animation de Disney est incroyable. C’est l’un de mes styles préférés. Dali aussi m’inspire beaucoup. Il y a un court-métrage sur Dali en collaboration avec Disney qui est sorti en 2003. Ils ont tout mélangé ensemble, le dessin, la musique, l’écriture. C’est la combinaison de l’art et du mouvement parfait. On ne comprend pas vraiment l’histoire mais on la ressent. C’est lorsque j’ai vu ça que je me suis dit ‘je veux faire ça’. J’ai été inspirée par Stan Lee et les comics mais j’ai mes classiques ! Certains réalisateurs comme Sam Levinson, Wes Anderson et Bong Joon-ho qui a réalisé Parasyte en 2019. Ma maman était une makeup artist, elle peint et dessine aussi donc elle m’a évidemment inspirée. Mais elle ne m’a jamais poussé dans cette direction. Je faisais du ballet, du théâtre. Étant donné que j’étais dans cette dynamique, je m’y suis penchée et ai développé mon sens artistique. Je pense qu’il y a toujours une peur quand votre enfant vous dit qu’il veut être artiste et c’est normal ! Quand j’ai compris je voulais combiner l’art et le digital, j’ai eu une direction claire, mes parents m’ont suivi sans hésiter.

Finalement beaucoup de choses que j’ai faites ont toujours été étroitement liées à l’art. Si je n’avais pas fait de ballet je n’aurai pas eu cette relation au mouvement qui m’inspire autant. C’est pareil pour la musique classique, quand je l’écoute, c’est différent, j’écoute le mouvement dans la musique mais je ne l’aurai pas ressenti de la même manière si je n’avais pas fait de ballet.


Je ne sais pas vraiment où j’en serais dans 10 ans. Dernièrement, mon travail a été exposé et ça n’a jamais été un but pour moi ! Et c’est arrivé très soudainement. Et actuellement je travaille dans un studio d’animation, ce qui n’était pas dans mon plan de départ finalement ! Mon rêve reste de travailler chez Disney évidemment ! Mais j’espère surtout que je serais toujours en train de créer.


Je pense que là où je vis, à Melbourne, l’art est très important. Melbourne c’est le Paris de l’Australie ! C’est un croisement de cultures, il y a de la danse, de l’art, de la peinture. Si tu es une personne créative, c’est là qu’il faut aller. C’est pour ça que j’ai bougé. Les gens ne se rendaient pas compte à quel point l’art est important dans la société Il y a quelque chose dans l’art visuel que tu n’as pas besoin de traduire. Avec les langues, il y aura toujours une barrière. Si l’on fait quelque chose de purement visuel, cela peut parler à plus d’audience et sans barrière, comme la musique. 5 ans auparavant j’étais toujours au lycée. C’est là que j’ai acheté ma première tablette graphique. c’est là que j’ai décidé que je voulais travailler dans cet univers. Et maintenant j’y suis ! je travaille dans un studio et mon art a été exposé ! Donc je peux dire que je suis là où je voulais être il y a 5 ans ! Et je ne sais pas ce qu’il y a après ! Surtout dans une carrière artistique, on ne sait jamais à 100% où on va atterrir.»



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