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Le cinéma de la Nouvelle Vague : retour sur 3 films cultes du cinéma français.

LE MÉPRIS DE JEAN-LUC GODARD Ce film franco-italien de Jean-Luc Godard, sorti en salle en 1963, est une adaptation du livre d’Alberto Moravia.


Camille, c'est la légèreté et la rancœur, la sensualité et la sensibilité, l'amour et le mépris, un idéal féminin interprété par Brigitte Bardot. Paul, c'est l'homme amoureux mais égoïste, fier mais pas insensible, joué par Michel Piccoli. L'histoire prend place en Italie. Une odeur marine et fleurie vient embrasser les douceurs du soleil de Capri des années 60. Le producteur américain Jeremy Prokosch invite Paul à finir le scénario de son film Ulysse, une adaptation de l'Odyssée, ce que Paul accepte. La mythologie grecque se mélange alors avec l'architecture avant-gardiste italienne. Fritz Lang, le réalisateur du film souhaite une approche psychologique, Prokosch veut de l'action, un film à l'image du récit d'Homère. Paul et Camille, son épouse, se retrouvent à la villa Malaparte le temps d'un été.

Ainsi commença le déclin du couple.


Ce que l'on oublie souvent, ce sont les références précieusement glissées tout au long du film. Qu'il s'agisse du livre de Fritz Lang que Bardot lit dans la baignoire, ou encore de la mise-en-abyme du scénario, Godard ne cesse de mettre à l'écran son amour pour le cinéma et la littérature.


"Son regard est pareil au regard des statues"

Paul Verlaine, Poèmes Saturniens, 1947

L'Odyssée est l'allégorie de leur histoire. Paul a cessé de regarder Camille, qui traduit sa tristesse et son mépris croissant par la froideur et la distance, sous l'incompréhension de Paul.


Le regard est important chez Godard. Pour lui, le regard n'est pas l'origine de l'amour, mais l'amour lui-même. La voix off d'André Bazin nous l'annonce dès la première scène : "Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs. Le Mépris est l’histoire de ce monde. »



"Tu les trouves jolies mes fesses ? "

"Je t'aime totalement, tendrement, tragiquement"

Dès le début du film, le réalisateur met en avant l'amour profond, la dépendance au regard de l'autre, qui viendront s'estomper pour se transformer en un tout autre sentiment au cours du film. La mise en scène nous plonge dans un univers bien précis, psychologique, à deux lectures. Les couleurs elles aussi soulignent un changement, une nouvelle atmosphère.

"Toute la deuxième partie sera dominée du point de vue des couleurs par le bleu profond de la mer, le rouge de la villa et le jaune du soleil, on retrouvera ainsi une certaine trichromie assez proche de celle de la statuaire antique véritable. Dans tout le film, le décor ne doit être utilisé que pour faire sentir la présence d'un autre monde que le monde moderne de Camille, Paul et Jérémie Prokosch."


Ce film relève d'un esthétisme moderne, avant-gardiste, aux couleurs vives, reflet de l'aspect stylisé qu'a voulu mettre en avant Godard, en opposition au cinéma classique. Ces couleurs renvoient des scènes plus irréelles, mais aussi plus profondes, ce qui vient éloigner l'aspect érotique de certaines scènes, notamment lorsque Paul déclare son amour au corps de Camille.


« Je l’ai faite d’une certaine manière, d’une certaine couleur, je l’ai éclairée en rouge et en bleu pour qu’elle devienne autre chose, pour qu’elle ait un aspect plus irréel, plus profond, plus grave que simplement Brigitte Bardot sur un lit. J’ai voulu la transfigurer parce que le cinéma peut et doit transfigurer le réel. »


La BO alors composée par Georges Delarue pour la version française, sera aussi composée par Piero Piccioni pour la version italienne Il Disprezzo.

Le titre Camille 2000 renvoie parfaitement au changement d'humeur de Camille, dans la deuxième partie du film.

Le Mépris devient alors un classique de la nouvelle vague, du cinéma moderne.



« Le sujet du Mépris, ce sont des gens qui se regardent et se jugent, puis sont à leur tour regardés et jugés par le cinéma, lequel est représenté par Fritz Lang, en somme la conscience du film. » (JLG, 1963)


LA PISCINE DE JACQUES DERAY

C’est toujours sous le soleil que se déroule le second film dont nous allons parler. La Piscine de Jacques Deray sort en 1968 et nous pouvons dire qu’Alain Delon fait toujours son petit effet. Dans le personne de Jean-Paul, il joue aux côtés de la belle Romy, dans la peau de Marianne. À eux deux, ils forment un couple presque idéal qui passent des jours heureux dans leur villa de Saint-Tropez jusqu’au jour où arrive Harry, accompagné de sa fille, la charmante Pénélope.

« C’est d’abord une histoire d’amour, d’un amour en état de crise. Nous avons en présence deux couples : l’un, amant-maîtresse, l’autre, père-fille. Ils jouent pendant trois jours le jeu de l’amour et du mensonge. Et ce jeu aboutit à un meurtre » explique Jacques Deray.

Simple et d’une rigueur assumée, la réalisation nous offre une mise en abyme sur le couple Delon/Schneider. Pas besoin de s’attarder sur les dialogues, ce sont les regards qui parlent au spectateur qui remarque dès les premières minutes la passion et la tension qui parfument l’air tropèzien.


Pourquoi la piscine ?

C’est autour de ce point d’eau que les pulsions se cristallisent et que naissent jalousie et amour. C’est là que le jeu de chat et de la souris évolue, les personnages se regardent, se désirent, se détestent, se résistent. La psychologie des personnages y est développée de manière sous-jacente, toujours à travers les regards et des éléments qui ne trompent pas dans les plans de Deray.


LES CHOSES DE LA VIE DE CLAUDE SAUTET

Un an après, c’est chez Claude Sautet que l’on retrouve Romy Schneider et Michel Piccoli dans le magnifique Les Choses de la vie. Ce dernier est sans doute l'un des plus marquant du mouvement de la Nouvelle Vague. Comme son nom l'indique, le film se penche sur les moments simples, les dilemmes, les instants de vie qui marquent, questionnent, et tourmentent. Adapté du roman du même nom de Paul Gilmard, l'histoire prend place entre Paris, La Rochelle et l'Ile de Ré. Pierre, alors interprété par Michel Piccoli, est un architecte tiraillé entre deux femmes : Catherine, jouée par Léa Massari (son épouse) et Hélène, jouée par Romy Schneider (sa maitresse). Sa vie se retrouve mise en jeu lors d'un violent accident de voiture, scène qui constitue l'intrigue du film. Tous ses sentiments sont remis eux aussi au cœur de l'histoire, le désordre dans ses souvenirs aussi. Ce sont ses joies et ses peines qui constituent finalement les choses de la vie. En évoquant la mort, Sautet met l’accent sur la douceur de l’existence et tous ses petits riens. La musique de Philippe Stade vient délicatement soulever la mélancolie et la tristesse du film et cette fin tragique que l’on attend depuis la première scène finalement.



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